En septembre, j’entame la formation en ligne de Nerve Release de Celeste Lazaris et je trouve enfin des réponses à mes questions. Il me semble que j’ai fait une erreur dans le travail d’Ody, que celle-ci perdure depuis des années et qu’elle peut expliquer en partie son problème physique. Comme beaucoup de trotteurs, Ody a une encolure assez faible. Elle est plutôt grêle avec une masse musculaire peu importante et un coup de hache à la base du garrot. Cela est peut-être dû au manque des lames du ligament nuchal en C7, C6 et parfois C5 souvent observée chez nos chevaux modernes. « L’absence de soutien du ligament nuchal au niveau des deux dernières vertèbres cervicales entraîne probablement une mobilité accrue de la base de l’encolure, ainsi qu’au niveau de la charnière cervico-thoracique (jonction entre la septième cervicale et la première thoracique). Cette mobilité accrue peut engendrer une instabilité néfaste chez un cheval dont les muscles qui soutiennent la base de l’encolure sont trop peu développés. On compte parmi ces muscles le Scalène, le Longissimus, le Spinalis et le Dentelé Ventral. Une sangle thoracique tonique est également indispensable au soutien de la charnière cervico-thoracique. » – Source Fb Bouillon de poney, 21 février 2022.
Ces caractéristiques lui confèrent une tendance à passer derrière la main en gardant une tension en C2-C3. Cette tendance à l’encapuchonnement est très présente chez les TF qui ont été à l’entraînement et ont fait les courses attelées puisque ceux-ci ont souvent un rapport conflictuel au mors et craignent le contact.
Jeune TF en reconversion chez un professionnel spécialisé (une écurie qui fait un bon travail et vend des chevaux en très bel état) monté avec une main qui n’est pas contraignante. Malgré le contact léger, on note le gonflement musculaire de la partie haute de l’encolure (C2-C3) ainsi qu’une nette cassure dans cette zone. Sur la première photo le cheval a le chanfrein à la vertical mais la tension musculaire en C2-C3 est très apparente. Sur les photos suivantes, on voit que le cheval ne peut pas s’étirer correctement vers le bas et le nez vers l’avant, il reste enroulé. Il n’y a donc aucune possibilité que les muscles de soutien de l’avant-main puissent jouer leur rôle. L’équilibre est sur les épaules et plongeant.
L’erreur que j’ai faite, c’est de l’avoir rassemblé sans prêter suffisamment attention au fait qu’il utilisait la partie haute de son encolure comme un levier au lieu d’engager correctement les muscles de la sangle thoracique pour élever sa cage thoracique entre ses épaules. L’élévation de l’avant-main n’a pas perduré dans son évolution du rassemblé alors que nos débuts en dressage tendaient bien vers cela.
Ody qui a toujours eu du mal à donner une bonne extension d’encolure une fois monté (l’encolure complètement déployée et le nez en avant de la verticale) a commencé à descendre en gardant le nez légèrement en arrière de la verticale, signe que l’encolure garde des tensions et essaie d’équilibrer le corps du cheval, car les muscles de la sangle thoracique ne sont pas correctement activés pour jouer ce rôle. De fait, le juste fonctionnement biomécanique s’en trouve altéré. Impossible par la suite dans le rassemblé d’avoir un abaissement correct des hanches sans un juste redressement de l’avant-main.
1ere photo : contact très léger, attitude horizontale, nez en avant – 2ème photo et 3ème photo : proposition d’extension mais le cheval ne descend pas davantage, il ne déploie pas son encolure et n’ouvre pas son angle tête-encolure.
En 2011 – Ce sont nos débuts en dressage, je participe à des stages avec des instructeurs de l’école de la légèreté et travaille selon les principes qui me sont enseignés. Ody n’a pas encore beaucoup d’amplitude dans le mouvement de ses épaules mais son attitude est juste : il est relâché, l’encolure n’est pas comprimée (le muscle sterno-céphalique est bien visible, c’est le muscle en-dessous de l’encolure), son nez est bien devant et son équilibre est montant.
En 2015 – Ody a un niveau déjà bien avancé. La photo est prise lors d’un stage avec un enseignant renommé avec lequel je travaille depuis 2013. Sur sa demande je remonte et ferme un peu plus le cheval. Même si son attitude est plus relevée, on constate que l’avant-main s’est légèrement effondrée et que le dos depuis la croupe est descendant.
Grâce à la formation de Nerve release, beaucoup de choses ont fait sens dans ma vision du dressage, notamment d’un point de vue anatomique.
En novembre, il est toujours au repos et reçoit de nouveaux soins physio/ostéo à la suite desquels je décide de prendre rdv en clinique pour faire une radio des cervicales hautes ainsi qu’une échographie. Ody trouve que la sortie n’est pas passionnante mais apprécie l’exploration de la salle de soins du véto. Tiroirs, PC et machine pour faire l’échographie sont passés en revue avec beaucoup de délicatesse…je pourrais sans souci emmener ce cheval dans un magasin de porcelaine !
L’examen révélera qu’il est parfaitement sain au niveau osseux, articulaire et ligamentaire. Le gonflement et la tension sont exclusivement musculaires. C’est un soulagement et j’entame des soins en local en massant et mobilisant la zone puisqu’il se laisse à nouveau toucher sans signe d’inconfort.
Petit à petit, il commence à mieux bouger et à retrouver sa véritable énergie. La contraction musculaire diminue lentement. Fin novembre je décide de le remettre en route à pied puis à cheval en appliquant ce que j’ai appris dans la Master Class BTMM de Celeste Lazaris. Je tâtonne pas mal, je suis vigilante à son attitude et à ce qu’il évolue sans crispation ou compensation. A suivre…