En ce beau jour de Noël, je suis remontée sur Ody pour la deuxième fois après un long temps de repos nécessaire au cheval. Six mois d’abstinence de « Ody » et six mois d’abstinence en tant que cavalière puisque je n’ai plus de chevaux au travail. Autant dire qu’après cette courte séance, j’étais heureuse!
Pourquoi Ody a-t-il eu besoin de ces mois de repos ?
Depuis 2 ans, il alterne des phases de hauts et de bas. En 2022, il commence l’année avec une période de fatigue importante. L’hiver le troupeau change de parc. Dans ce parc les chevaux sont plus vigilants les premiers temps. Ody assume le rôle de surveillant comme ça a toujours était le cas dans tous les groupes dans lesquels il était. Il surveille quand tout le monde dort et se repose en décaler. Quand je suis là, il dort dès que je m’en occupe. Après un temps de repos accompagné de soins ostéopathiques et d’un traitement homéopathique, il retrouve la forme.
Nous continuons de travailler avec un rythme très léger, 2 à 3 fois par semaine, incluant généralement une séance montée et une séance à pied ou une balade. Sa motivation en carrière n’est plus présente, je travaille la plupart du temps dans le parc et je fais des séances assez courtes.
En extérieur je rencontre un problème que je n’ai jamais eu avec lui qui a parcouru des milliers de kilomètres. Il fait une forme d’anxiété de séparation du surveillant ! Non pas qu’il ait des problèmes à se séparer du groupe car ça n’a jamais été le cas mais il est inquiet de ne plus avoir un œil sur ses copains. Le problème est récurrent et très prononcé, faire des balades (particulièrement quand ils sont dans le parc d’hiver) sans un cheval du groupe est devenu une course à l’échalote : il faut marcher le plus vite possible pour rentrer le plus vite possible et compter si tous les poneys sont là ! Il faut le vivre pour comprendre que je ne peux rien faire pour l’apaiser, c’est assez frustrant.
A mon sens, cette inquiétude trouve son origine dans la séparation avec Karistan. Celle-ci a été difficile pour Ody qui pourtant était le plus détaché et l’indépendant du duo. Kari n’a eu aucun problème à intégrer son nouveau troupeau tandis qu’Ody a eu une baisse de moral pendant quelques temps puis était inquiet lorsque son copain de parc partait sans lui.
Cette anxiété en balade peut s’estomper quand il est dans le parc de la belle saison car il y fait moins de surveillance. Cependant, dans la mesure où il ne supporte plus les insectes depuis plusieurs années, ce stress s’enclenche s’il y a trop de bestioles. Dans ce cas il veut rejoindre le parc le plus vite possible pour retourner sous l’abri. Cette sensibilité rend également les séances de travail au pas quasiment impossibles car même avec un flymask intégral, ça peut être la crise de nerfs si un insecte menace de rentrer dans son bonnet ou s’il se pose sur son nez.
Autant dire que mon petit cheval si gentil et si polyvalent nécessite désormais un mode d’emploi en vieillissant !
Avec tout cela, je me pose de plus en plus de questions : dois-je continuer les petites séances et les balades courtes qui ont pour but de le maintenir en forme ou dois-je le laisser vivre exclusivement sa vie de cheval ?
Puis courant mai-juin 2023, sa locomotion se dégrade. Début juillet je le laisse tranquille car il passe par une phase d’extrême fatigue où il se tient la tête très basse. Depuis quelques temps déjà, je constate une sensibilité de la tête et des cervicales hautes avec un gonflement au niveau de C2 plus prononcé à gauche qu’à droite. Son ostéopathe habituel ne pouvant venir de suite, je fais appel à une autre professionnelle qui ne pourra guère l’aider. Ody refuse catégoriquement toute manipulation de ses cervicales. En août je vais voir mon homéopathe (qui soigne aussi mes animaux depuis des années) et celui-ci trouve à Ody une névralgie de l’os malaire, expliquant notamment sa sensibilité à la tête. En septembre, son ostéopathe le voit, Ody est comme vrillé avec une force de traction médullaire forte et une tension importante dans les cervicales hautes qui irradie vers la tête. Il est très probable qu’il ait des maux de crâne régulièrement.
A partir de l’été nous ne faisons plus que des petites balades en main. Deux autres problèmes sont présents : il a de temps en temps le genou droit ou gauche qui au moment où le membre se pose, claque et part en avant et il râcle la pince de l’antérieur gauche. Ody n’ayant jamais présenté ces problématiques, elles me semblent aller de pair avec la tension dans les cervicales.
Malgré les soins, le gonflement au niveau de C2 subsiste avec une induration et une perte de mobilité des tissus. Lorsqu’Ody est tête basse et tourne la tête d’un côté à l’autre, la corde du ligament nuchal les muscles de cette zone et saute. Avec mon homéopathe nous explorons désormais les possibilités de bursite nuchal. Son corps répond positivement à plusieurs remèdes.
Après avoir pas mal réfléchi sur la chose et être remontée dans mes archives photos et vidéos, je me rends compte que le problème est sous-jacent depuis plusieurs années. D’ailleurs lors du premier stage que j’avais fait en avril 2022 avec Anja Haas, instructrice « The Academic Art of Riding », celle-ci me fait remarquer deux choses : il reste bloqué en C2 et n’ose plus ouvrir son angle tête-encolure – il évolue en longe la tête trop basse avec une locomotion un peu robotique. Je fais donc attention à lui proposer régulièrement de venir mettre son nez vers l’avant et lui donne systématiquement les récompenses en le faisant chercher loin devant lorsque je travaille à pied. A la longe, je lui demande de se remonter et au deuxième stage, sa locomotion est déjà beaucoup plus souple.
Ce port de tête très bas (Ody est naturellement horizontal dans son port d’encolure), ça fait un petit bout de temps qu’il l’a adopté. C’est le signe que ça ne va pas et qu’il se soulage par cette posture dans son quotidien (au parc il peut marcher le nez quasiment par terre à certains moments). J’avoue que je ne voyais pas bien les signaux et qu’il ma fallu du temps pour comprendre surtout que ce gentil Ody a continué à donner ce qu’il pouvait jusqu’à ce que son corps ne puisse plus!